La première fois que j’ai entendu la musique de Mimetic, c’était en 1996, chez un ami écrivain qui suivait de près les publications discographiques de Moloko+.
Il me dit de m’installer confortablement m’avertissant que l’expérience allait être, jouissivement précisa-t-il, éprouvante.
Il mit directement la plage 7. La voix française de « Gilda » s’éleva dans la pièce. « La haine offre une sensation troublante. Tu ne l’as jamais ressentie ? » Je me souviens très bien de la sensation de mes poils qui, instantanément, contre toute volonté, se dressèrent sur mon épiderme rendu ultra-sensible. Mon âme s’envolait déjà ; et tout mon être était désormais en éveil, captivé par la musique qui déjà suivait ce premier sample.
La rythmique qui commençait, son ampleur, sa force, les couches sonores qui, progressivement, se superposaient les unes aux autres… : tout y était, pour un son d’exception. Grâce, magie, musicalité, emphase (je pensais à Wagner), mystique. Mimetic : une élévation musicale, mieux : spirituelle !
Tout cela formait un tout homogène, harmonieux. Une perfection pour l’âme ; et pour le corps, mon corps, qui frissonnait encore et encore, à n’en plus finir…
J’achetai très vite l’album.
Et quelle ne fut pas ma surprise et ma joie lorsque je reconnus, sur le morceau « Overpraise », un sample d’« Andrei Rublev ». Ces pleurs, divines, surréalistes, qui avaient ému mon cœur à la vision du film, l’émouvaient à nouveau, là, mélangé à la musique de Jérôme Soudan. Et c’était à peine croyable : Tarkovski si bien réintégré, si bien utilisé !
Combien de fois depuis écouté-je ce disque ? Devenu si familier…
Cet album synthétique (à la perfection) de tellement de courants : l’électronique mais chaude, sucrée, esthétique, envolée ; l’esprit rebelle du rock ; l’harmonie du classique. Un tout formidable et si cohérent !
Et puis, la suite, toute la suite, les 15 albums, avaient, par magie, la même énergie et la même force.
J’envisageai alors immédiatement une collaboration ; mais il me fallut 7 ans pour rencontrer Jérôme, pour unir nos forces.
Et, même si le travail à deux connait parfois des difficultés et des heurts, je suis aujourd’hui fier, heureux et chanceux que Jérôme ait composé deux B.O. pour moi.
Que ce travail se renouvelle ou non, la musique de Mimetic aura été capitale dans ma vie de fan de musique (alors que Mimetic naissait, 1996), jusqu’à dans ma vie de cinéaste (alors qu’il s’apprêtait déjà à fêter sa première décennie, 2007).
Merci à Jérôme. Et bon vent à Mimetic.